Lourdes 2024
Alors que les jours raccourcissent et que l’obscurité peu à peu supplante la lumière, que les arbres se dévêtissent, lorsqu’arrive l’automne et que la rentrée semble déjà lointaine, les élèves de Seconde se rendent dans un lieu hors du temps : Lourdes. Il plane dès que l’on pénètre sur l’esplanade une ambiance particulière, à la fois joyeuse et mystique. Il s’y passe quelque chose.
« Pourquoi êtes-vous ici ? » demandent quelques pèlerins avides d’explications. Le climat pyrénéen aurait pu être un motif tout à fait cohérent si la pluie n’avait pas décidé de se mêler aux réjouissances. Pour la première fois depuis quelques années, il a plu durant le pèlerinage du Rosaire. Ce n’était certes que le mercredi, le premier jour de service des jeunes, mais cela n’a pas esquinté la motivation de chacun des quatre-vingt-cinq élèves du lycée, bien au contraire. Car c’est bien une mission plus grande qu’une averse que nos jeunes devaient assumer : servir. Le jour de la rentrée, ce mot arrive de nombreuses fois aux oreilles de chacun d’entre eux, Lourdes en est la concrétisation. Oui, les élèves ont appris à servir, à se mettre à la disposition de la communauté, à faire passer l’autre d’abord, à donner de leur personne. Lourdes est avant tout la découverte du don. Ceux qui ont des bras et des jambes fonctionnels donnent à ceux qui ne peuvent plus se déplacer comme ils le souhaiteraient. Ceux-ci, en échange, donnent leur sourire, leurs prières, leur expérience de vie. Les voiturages-hôtels et les voitures bleues promenaient dans le sanctuaire les pèlerins nécessitant de l’aide. Les commissaires guidaient les pèlerins dans Lourdes, portaient les bannières durant les célébrations et les processions. Chacun, avec sa mission, permettait au pèlerinage de se dérouler dans les meilleures conditions.
- D’où venez-vous ?
- De Saint-Joseph, à Saint-Didier-sur-Chalaronne.
Face à l’air intrigué que suscite la réponse, les élèves cherchent toujours un moyen de faire comprendre d’où ils viennent.
- À côté de Lyon.
L’interlocuteur acquiesce.
Lourdes est un lieu assez ambivalent : celui des sourires, mais celui des larmes aussi. Les sourires que procure l’aide apportée aux autres est toujours une grande joie pour chaque élève qui a appris à surmonter ses craintes, ses appréhensions nées tout au long du mois de septembre. « Et si mon pèlerin n’est pas gentil ? Et s’il ne parle pas ? Et si je n’arrive pas à pousser son fauteuil ? » Toutes ces questions constituent l’habituelle litanie des semaines avant le départ. Or, une seule matinée parvient à toutes les balayer d’un revers de main. Les élèves poussent les fauteuils comme s’ils avaient fait cela depuis leur plus tendre enfance, les commissaires chargés de bannières marchent en cadence. L’efficacité de nos jeunes fut, comme chaque année, saluée par les pèlerins et les organisateurs. « Vos jeunes sont formidables ! Qu’est-ce qu’ils sont bien ! » Pour nous aussi, Lourdes est le moyen de nous rappeler la mission qui est la nôtre : celle de les accompagner. Les larmes aussi peuvent être les signes inextinguibles d’une tristesse de quitter les pèlerins en fin de semaine. Des liens indéfectibles se sont noués. Certes, pèlerins et élèves ne se croiseront peut-être plus mais les services rendus mutuellement laissent imaginer qu’il y a bien eu quelque chose qui nous dépasse. Le service gratuit est si beau !
Il est certain qu’à l’issue d’une semaine à Lourdes, les courbatures se font sentir, la fatigue harasse les corps au point de s’endormir dans le train retour, d’autant plus que le retard de la SNCF nous fait rater la correspondance à Toulouse. Qu’à cela ne tienne, il n’est plus temps de se battre. Ce que nous avons vécu est trop beau et trop grand pour altérer la grande joie du miracle de Lourdes qui inonde le cœur de quatre-vingt-cinq élèves et de dix adultes.
Pour terminer, un grand merci à Madame Levrault pour l’organisation de cette belle semaine, à Madame de Serres de permettre la participation au pèlerinage et à toutes les personnes qui ont accepté de donner leur temps pour ce pèlerinage : mesdames Caroux, Dambrine, Guigue, Levrault, de Serres, messieurs Vicente et Galle pour l’encadrement. Une mention particulière pour le père Tanguy de la Gironière, aumônier de l’ensemble scolaire, qui a accompagné les élèves dans leur découverte de Lourdes et pour madame Chopard qui s’est jointe à nous. Et enfin, merci à tous nos élèves pour la fierté qu’ils font naître en nous, adultes qui en avons la charge.
